Glyphosate/UE Plus d’un million de signataires demandent son interdiction
Alors que le vote sur le renouvellement pour 10 ans de cet herbicide prévu le 25 octobre pourrait être repoussé, trois associations ont remis au président Macron une pétition européenne et une lettre ouverte demandant l’interdiction de l’herbicide.
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C’est la quatrième fois en cinq années d’existence qu’une initiative citoyenne européenne (ICE) dépasse le million de signataires européens (et la seule qui y est parvenue en moins de cinq mois) et peut donc être portée officiellement au débat. Celle-ci demande l’interdiction du glyphosate. Elle a été remise ce matin, vendredi 20 octobre, à trois conseillers du président Emmanuel Macron par les représentants de Générations futures, La Ligue contre le cancer et WeMove.EU.
« Je serai lundi à Bruxelles pour porter cette ICE et ses 1 070 865 signataires auprès de la Commission, précise Mika Leandro, directrice de campagnes de WeMove.EU. Cette initiative n’est pas contraignante pour la Commission mais c’est un message fort de la part des citoyens européens souhaitant protéger leur santé et leur environnement des dangers des pesticides en général et de cet herbicide en particulier. »
34 ONG signent une lettre ouverte
Une lettre ouverte signée par 34 ONG a également été remise aux conseillers du chef de l’Etat. Ce courrier demande de « ne plus attendre pour porter dans les négociations européennes l’interdiction du glyphosate ».
Les associations (environnementales, de victimes, d’agriculteurs, de santé, de parents d’élèves…) donnent au président cinq raisons sanitaires, éthiques ou environnementales, « de tenir sa promesse de campagne qui était de placer la France en tête du combat contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides ».
Dans ce courrier, les 34 ONG (dont la Confédération paysanne, la Fnab, les Civam, Phyto-Victimes) rappellent que des « alternatives au glyphosate existent déjà », comme le désherbage mécanique ou les cultures associées, et sont utilisées par certains agriculteurs mais qu’il « faudra prévoir conseil et accompagnement » pour les autres.
« Les agriculteurs sont les premières victimes du glyphosate, rappelle Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch. Certains ont des systèmes dépendants à cette matière active mais le principe de précaution doit s’appliquer et doit entraîner son non-renouvellement. En revanche, il faut prévoir un plan d’accompagnement de sortie. »
Le Copa-Cogeca pour une réautorisation de 15 ans
De leur côté, le Copa (syndicats agricoles européens majoritaires) et la Cogeca (coopératives européennes) demandent à l’UE, dans un communiqué du 19 octobre, de réautoriser pour 15 ans cette substance active « au vu des preuves scientifiques qui confirment son innocuité. L’absence de réautorisation menacerait l’approvisionnement en denrées alimentaires produites dans le respect de l’environnement », justifient-ils.
Nouvelle échéance au début de novembre ?
Cette rencontre avec les conseillers du Président intervient alors que l’actualité sur le renouvellement du glyphosate est brûlante.
- Mardi 24 octobre, le Parlement européen doit voter la résolution adoptée jeudi 19 octobre à une large majorité par les membres de la commission de l’environnement et de la santé souhaitant une disparition progressive de l’herbicide dans les trois prochaines années. « Ce vote aura un gros poids politique », estime François Veillerette, de Générations futures.
- Mercredi 25 octobre, les États membres doivent voter la proposition de la Commission européenne de renouveler l’autorisation du glyphosate pour 10 ans. « Si la Commission européenne constate qu’elle ne sera pas en mesure d’avoir la majorité qualifiée à cette date, il est probable qu’elle repousse le vote à une date ultérieure », précise François Veillerette. Ce qui est fort probable vu que le vote a déjà été plusieurs fois repoussé par manque de majorité qualifiée. « Une possibilité serait qu’un État membre, après négociations avec d’autres pays, porte une nouvelle proposition intermédiaire entre l’arrêt de l’autorisation et le renouvellement pour 10 ans. »
Après une nouvelle proposition de texte, 15 jours sont nécessaires avant le vote. Si l’avenir du glyphosate n’est pas fixé le 25 octobre, il pourrait donc l’être plutôt au début de novembre… et au plus tard le 31 décembre, date d’expiration de l’autorisation.
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